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meuse duchesse : c’est qu’elle est très bien avec le confesseur du roi, et qu’elle charrie9 assés bien avec la Montespan.

Scarron.

Oh ! je ne m’etonne pas si la lubrique a pris ce parti-là. Il n’y a ni telle chair que celle des avares, ni telle galanterie que celle des Religieux. Quand ces Tartuffes se mettent en besogne, ils y vont et de la tête et de la queue, comme une Corneille qui abat des Noix. C’est un Jesuite, c’est tout dire : depuis que ces galants sont au monde, il n’y en a presque que pour eux, au moins dans Paris. Ils ont si bien fait qu’on a changé le Proverbe ; on disoit bien toujours : Jacobin en Chaire, Cordelier en Chœur, Carme en cuisine ; mais on ne dit guère plus Augustin, on dit Jesuite en Bordel. Que fait-on donc dans l’Academie Françoise ?

L’abbé Furetière.

On y fait d’aussi grandes sottises qu’en pas un lieu du monde ; jugez de la pièce par cet echantillon : Jamais cette Compagnie n’a reçu tant d’honneur qu’elle en a presentement, le Roi l’ayant logée dans le Louvre10 ; cependant ces beaux messieurs s’y battent en drilles comme dans un Cabaret. Sur une affaire de rien, Charpentier en vint si avant l’autre


9. C’est-à-dire, marche de front, va de compagnie, comme deux chevaux qui traînent une voiture. Montaigne dit de La Boétie : « Nos âmes ont charrié si uniement ensemble. » (Liv. 1, ch. 27.)

10. C’est en 1672, après la mort du chancelier Séguier, qui l’avoit long-temps logée dans son hôtel, que l’Académie