Page:Variétés Tome VI.djvu/211

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

L’abbé Furetière.

Je suis l’abbé Furetière. J’ai poursuivi en vain un evêché pour pouvoir vivre en cochon ; mais, dans le


ce livre, et puisque le Cochon mitré, cause de son emprisonnement, avoit paru en 1688. — Ce pamphlet eut dans l’origine deux éditions, qui se suivirent de près, et qui sont aujourd’hui aussi rares l’une que l’autre. Celle qui semble être la première a pour titre : Le Cochon mitré, dialogue, Paris, chez le Cochon (sans date). C’est un petit in-8 de 32 pages, y compris le titre et la gravure du cochon. L’exemplaire vendu deux fois chez Nodier étoit de cette édition. Elle dut paroître vers le mois de juillet 1688, c’est-à-dire peu de temps après la mort de Furetière, qui avoit eu lieu le 14 mai, et qui, d’après ce qu’on lit aux premières pages, devoit être encore toute récente. L’autre édition, que M. Brunet, dans le Manuel, croit au contraire être l’originale, n’indique pas de lieu d’impression et porte la date de 1689. C’est un in-12 de 28 pages. Il paroîtroit que l’une des deux avoit été subrepticement imprimée à Reims, à deux pas du palais qu’habitoit le prélat vilipendé. M. Brissart-Binet, à qui nous devons plusieurs des renseignements qui précèdent, tenoit de M. Hédouin de Pons-Ludon une anecdote qui le feroit croire. La voici telle que M. Hédouin la racontoit d’après une tradition de famille : « Lorsque quelques chanoines de Reims firent contre Maurice Le Tellier un libelle intitulé : Le Cochon mitré, imprimé chez Godard, que l’archevêque avoit tiré deux fois de la Bastille, l’imprimeur fut appelé chez Maurice Le Tellier, qui lui reprocha son ingratitude. « Monseigneur, dit l’ouvrier, ce qui m’a engagé à l’imprimer, c’est que l’ouvrage est bien fait. — Eh bien ! reprit le prélat, envoyez-m’en un exemplaire. » Puis, après l’avoir lu : « Je n’ai pas, dit-il, tous les défauts qu’on m’y suppose, mais qu’on en mette deux exemplaires dans ma bi-