Page:Variétés Tome VI.djvu/205

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Madame la comtesse de Foix, sa femme, laquelle dict qu’elle aime mieux mourir que d’estre habitée de luy, et a dict que son mariage a esté faict par sort et par charme, et du tout contre sa volonté, et que la première nuict fut Teragon d’elle esvanouy, et puis le matin se trouva couché près d’elle, et alors iceluy Teragon la vouloit depuceler, elle ne sçeut endurer sa chair si chaulde qu’elle estoit, dont le jour ensuyvant ne cessa de plorer devant sa tante.

Or de croire cest effect damnable de ce diable desguisé est possible, car un conte de Flandres espousa le diable en figure de femme.

À Lucques, le primat tenoit le diable en figure d’un page.

À Toscane, une dame de nom tenoit une fille qui devinoit tout, et estoit un diable, comme enfin fut apparu.

En la ville de Bordeaux, un diable a esté veu un mois entier par la ville, monté sur un cheval, figuré en homme ; et, en fin du temps predit, emporta un homme à luy voué par achapt.

En Angleterre, le roy Edouard tenoit Gaverston, qui enfin fut trouvé diable desguisé, et fut cause que ce roy fist mourir des bons seigneurs ; dont, pour sa juste recompense, ce roy Edouard fut vif embroché en fer bruslant.

Toutes ces choses icy, ce sont des advertissemens à tous seigneurs de laisser Henry : car la verité est telle que tout homme ayant l’ame bonne accompaignant Henry, tous y seront perdus, par guerre ou par sort, ou par charmes, ou par femmes desbordées ou trahison : car c’est chose asseurée que l’estat du