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main liée dans la vostre, et fust le matin vostre main trouvée comme toute cuitte ; et meit sur icelle un applic, et ce matin il vous monstra que dans la pierre de son anneau estoit la vostre ame figurée.

Vous sçavez bien que toute la nuict, sur ce serment damné, il vous enseigna mille trahisons et violenses assasinatiques. Henry, vous sçavez bien que, pour mieux couvrir vostre charme et l’honneur de vostre frère Teragon, l’avez mis en parenté d’un nommé de la Valette, ce qu’il trouva fort estrange, mais par grands dons y accorda cest accueil. Le dict de la Valette a juré et faict grand serment que ce Nogaret ou Teragon ne fust jamais son frère4, et en a asseuré le roy de Navarre.

L’on tient que ce dit Teragon eust affaire un certain jour à une fille de joye en la chambre secrette, de quoy icelle cuida mourir, suivant le recit qu’elle en a faict à ses privez amis, certifiant que Nogaret ou Teragon n’est point un homme naturel, parce que son corps est trop chaut et bruslant.



4. Il y a ici une allusion aux prétentions de M. d’Épernon, qui, bien que simple cadet de La Valette ( v. la 17e épitre de Busbecq à l’empereur Maximilien), et même, à en croire les ligueurs, fils d’un pauvre porte-paniers (Avertiss. des cathol. anglois, 1590, feuill. 28), se disoit de l’ancienne famille de Nogaret. « M. d’Espernon dit qu’il est sorti des Nogaret, lit-on dans le Scaligerana, 1667, in-12, p. 75 ; il se trompe : le père de son grand père, qui estoit son bisaïeul, estoit notaire ; La Valette estoit son nom. Monsieur du Bartas avoit encore beaucoup d’instruments du notaire La Valette, d’où est descendu d’Épernon. »