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revenge du passé mettre à fin ce que pourroient de leur première entreprise, rassemblèrent grand nombre de populasse seditieux du fauxbourg, sus les quatre heures, à ce que la nuit, qui estoit proche, leur donnast plus seure retraite, qui d’impetuosité brutale rompirent les portes du Patriarche, et, amas de bois fait, mirent le feu dans toutes les chambres d’un grand corps d’hostel, accompagné d’un petit, brisèrent en pièces la chaire du ministre, rompirent tuiles, firent brèche aux murailles d’un grand pourpris de deux jardins, avec tel degast et debris dont se peurent aviser9, dont le bruit espars par ville parvint aux evangelistes. Quelques gentilshommes avertis montèrent à cheval, et à la course donnèrent jusques audit lieu, où n’arrivèrent que dix ou douze chevaux du commencement, qui mirent toute ceste canaille en fuitte ; survenoient tousjours chevaux à la file, qui se trouvèrent à la fin en nombre de quarante ou cinquante. Survint aussi le procureur du roy en Chastelet, avec cinq ou six sergeans ; luy fu-


dues, comme on le verra plus loin. Le prêche fut fermé, ainsi que l’église sa voisine. « L’église St-Médard, écrit Pasquier quelque temps après l’émeute, chôme aujourd’hui, sans que l’on y fasse le service divin, comme ayant été profanée ; pour éviter à pareil inconvénient on a enjoint aux ministres de se choisir autre lieu que le Patriarche. » (Liv. IV, lettre 13.) Quand on rouvrit l’église, il y eut une procession, composée de tout le clergé de Ste-Geneviève et des cours souveraines, qui vint en grande pompe à St-Médard. (Jaillot, Quartier de la Place Maubert, p. 99.)

9. Jacques Canage, qui étoit propriétaire de la maison, déclara qu’il l’abandonnoit aux pauvres. (Jaillot, Ibid.)