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cile, et requeroit un grand ordre et prevoiance, veu l’apparente presomption qu’il y avoit en ce grand fauxbourg et mesme en la ville se feust esmeu quelque chose, oyant ce toxin, appeau de sedition, sonné par si longue espace de temps. Or se trouvèrent pour la conduitte environ de cinquante ou soixante chevaux et près de deux cents hommes de pied, ayans espées et dagues, dont le tout fut ainsi disposé : une moitié des chevaux se mist avec Guabaston pour l’avant-garde, l’autre demeura avec Monsieur le prevost Rougeoreille pour l’arrière-garde et conduitte des prisonniers, qui estoient liez deux à deux d’une longue corde, dont y avoit d’entre eux quelques prestres qui portoient fort triste chère6. Les gens de pied avoient deux capitaines et estoient divisez en deux bandes et marchoient à la file, tenans un costé de la rue, et le peuple l’autre, qui s’escouloit sous leur garde ; en ceste ordonnance fut le tout conduit fort paisiblement et sans aucune confusion. Près la porte Saint-Marceau fut donnée


du maréchal que pour garentir la ville de sédition. » Nous avons déjà dit que, comme Rouge-Aureille, il favorisoit le parti des religionnaires. Il le paya cher : après s’être par là grandement attiré la haine du peuple, il finit par être mis en jugement et décapité. (Pasquier, Recherches de la France, liv. III, ch. 45.)

6. « Le battu a payé l’amende, dit Pasquier, dont le cœur en saigne : les gens de Gabatton et Rouge-Aureille ont mené par troupe prisonniers les catholics, comme autheurs de cette sédition, nuls des autres. Les bourgeois de Paris en crient, disant que l’on les a taillez pour payer les gages de ce nouveau guet à leur ruine. » (Liv. IV, lettre 13.)