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Chanson des Normands
Sur l’air des Pendus.

Or ecoutez, petits et grands,
Le catechisme des Normands,
Peuple connu de notre France
Par la chicane et la potence :
C’est la double inclination
De cette noble nation.

— Mais, sitôt qu’un Normand est né,
À la mort est-il condamné ?——————(Oui.)
— Mais sa mort est un mystère :
Il ne rentre point dans la terre ;
Il meurt plus glorieusement,
En montant vers le firmament.

Qu’entendez-vous par ce discours ?
Est-ce qu’ils ont l’âme à rebours ?———(Non.)
— J’entends que dans la Normandie
On ne fait point cas de leur vie,
Car plus de cinq cens il est clair
Que les trois quarts meurent en l’air.

Pour un trépas si glorieux,
Quel theâtre est le plus fameux ?
— Domfront jadis eut cette gloire,
Et plus d’un Normand, dit l’histoire,
À deux heures on y pendit,
Qui n’etoit venu qu’à midi5.



5. M. Pluquet, dans ses Contes populaires et proverbes, in-8, p. 116, cite le dicton normand :

Domfront, ville de malheure,
Pris à midi, pendu à une heure.

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