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fort etrange : « Monsieur, luy dit-elle, je croy que vous dormez ! — Zest, repondit Theador. Qu’est-ce que cela veut dire ? Est-ce que vous vous moquez de moi ? repliqua Cephise. — Pouf, repartit Theador. — Mais, Monsieur, je croy que vous perdez l’esprit, ajouta l’epousée. — Zest, ajouta aussi l’epoux. » Enfin la pauvre Cephise n’eut pour toutes reponses de Theador à ses remontrances et à ses reproches, que des Zest et des Pouf. Fatiguée et alarmée par une conduite si bizarre, elle se lève, s’habille et va trouver ses parents. Le père et la mère, la voyant, et se persuadant que c’estoit quelque grimace de pudeur qui l’amenoit auprès d’eux : « Allez, allez, ma fille, luy dirent-ils ; retournez auprès de vostre mary ; croyez-nous, ne faites pas tant la difficile : vous êtes à luy, et ainsi..... — Helas ! mon père, ma mère, repondit-elle en les interrompant, ce n’est pas ce que vous croyez. Mon mary est devenu fou : c’est ce qui m’a fait sortir de la chambre ; venez, et vous verrez que je ne ments point. » Ils allèrent pour voir ce qui en estoit ; ils commencèrent leur discours par des plaintes, ils le continuèrent par des prières et le finirent par des menaces ; et à tout cela Theador ne repondoit que Zest et Pouf. Il n’en fallut pas davantage pour leur persuader que leur gendre estoit fou. On envoye querir sur le champ le notaire, afin qu’il en dresse un acte. Estant arrivé, il veut raisonner avec Theador, afin d’être temoin par luy-même de sa folie ; Theador ne luy donne que des Zest et des Pouf pour reponse. Le notaire commence à dresser son acte ; quatre heures sonnent, et dans