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À ces fuzils nouveaux il y faut une pierre
Mince et large, à l’esgal de la pièce devant,
Et, selon qu’elle s’use (ouvrant ce qui la serre),
Il en faut mettre une autre, ou la tourner souvent.

Les fuzils à l’antique, estant de bonne force,
Le bassinet s’ouvrant à temps et par ressort,
Semblent estre meilleurs, d’autant que sur l’amorce
Le coup du feu s’y fait plus à plomb et plus fort.

Mais le plus asseuré, et où le plus j’acquiesce,
C’est quand le bassinet est libre au coup de feu,
Et que ce coup bas n’hausse, ains pousse l’avant-pièce.
Le feu s’y fait plus bas, et bas s’escarte peu.

De plus, quand d’un fuzil la desserre est mouvente
Où le coq se repose13, et non au plus haut point,
En y portant le doigt ce mouvement contente,
Et sans bander plus haut le coq ne bouge point.

Or, vous en offrant un de ceste mesme mode,
Qui est la moins sujette aux fascheux manquemens,
Si Vostre Majesté la trouve assez commode,
Je suis prest d’obeyr à ses commandemens.

Je suis tousjours esté d’une humeur si craintive,
Si pauvre et si grossier et si peu demandé,


13. À cette époque, la batterie étoit souvent ciselée, soit en forme de coq tenant la pierre dans son bec, soit en forme de chien la tenant dans la gueule ; les deux mots, employés tous deux par notre poète, sont donc identiques. La dernière de ces deux représentations, qui offroit plus de garantie de force, ayant été employée plus souvent, le mot de chien survécut à celui du coq, et on sait qu’il est encore en usage, malgré l’abandon de toute figure.