Page:Variétés Tome VI.djvu/141

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Car, tant que la guerre est, je ne puis me resoudre
À faire des fuzils que pour le cabinet.
Le feu s’y fait trop haut au dessus de la poudre,
Et s’escarte en tombant autour du bassinet.

En outre ce deffaut, un autre est au couvercle
Qui ne s’ouvre en haussant qu’après le coup du chien ;
Ce coup faisant le feu, ce feu trouve un obstacle
Qui l’empesche d’entrer où la poudre se tient.

Et neantmoins, au temps d’une paix asseurée,
Pour la chasse, en tous lieux unis et raboteux,
Les fuzils sont aisez et de longue durée ;
Mais au besoin de Mars ils sont un peu douteux12.



12. Dans l’armée, on étoit de l’avis de Poumerol : aussi fut-on long-temps avant d’y admettre le fusil. C’est en 1670 seulement qu’on l’adopta comme arme de guerre, après lui avoir fait subir quelques modifications réglées par l’ordonnance du 6 février de cette année-la, et qui ont rendu son mécanisme à peu près semblable, sauf la légèreté, à celui qui est encore en usage. L’année suivante fut créé le régiment des fusiliers, qui devoit son nom à l’arme spéciale dont chaque homme étoit muni. En 1692, l’usage s’en étendit à tous les régiments. L’ordonnance du 12 décembre détermina le nombre d’hommes qui en porteroient dans chaque compagnie. Malheureusement, c’étoit un nombre très restreint : il n’y en avoit que quatre pour les compagnies ordinaires et dix pour celles des gardes. Les autres avoient le mousquet à rouet ou la pique. En 1703, rien n’étoit changé ; Villars se plaignoit encore de ce qu’il y eût dans son armée trop peu d’hommes armés de fusils : le tiers des bataillons en manquoit alors. « Au siége de Kehl, écrit-il à Chamillart, ceux qui descendoient la tranchée étoient obligés d’en laisser la plus grande partie pour ceux qui la montoient. » (Mémoires de Villars, Collect. Michaud et Poujoulat, p. 199.)