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On trouve assez souvent longs, legers et sans jointe,
Des canons beaux du tout, qui sont rudes et faux ;
Mais à les voir dedans, du gros jusqu’à la pointe,
On peut, quand ils sont neufs, connoistre les defauts.

Car, si dans un canon la lueur n’est esgalle,
C’est que le trou serpente ou qu’il n’est point pareil,
Et ce trou fait ainsi, ne portant droit la balle,
Se cognoist mieux de l’œil à l’ombre qu’au soleil,

Non de près, mais de loin, un gros calibre escarte ;
Un moyen porte mieux le menu plomb serré ;
Pour tirer d’une balle au blanc dans une carte,
Le plus petit calibre est le plus asseuré.

Bref, un canon bien fait, gros de moyenne sorte,
De peu de poudre il tire au loin, droit, fort et franc ;
Le trop gros n’est si doux, ny de loin droit ne porte,
Qu’à force de charger, sa grosse balle au blanc.

En limant un canon, si le fer n’y demeure
Esgal de suite en rond, il faut croire, dès lors,
Que sans le relimer, quoy qu’on fasse à toute heure,
Il sera tousjours faux en dedans ou dehors.

Et, bien qu’il soit dehors droit et droit de calibre,
Si le trop gros derrière au devant vise bas,
Ou quand le mouvement du rouet6 n’est pas libre,
L’un fait tirer trop haut, l’autre trembler le bras.

Enfin, si le calibre au dessus ne s’accorde,
Cela fait un canon injuste et repousser.


6. Les arquebuses à rouet avoient succédé aux arquebuses à mèche. Leur mécanisme étoit le plus parfait qu’on eût encore