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plu dans ton escuelle depuis ce temps-là ! Mort de ma vie ! je t’ay veu bien piètre aussi bien que moy. Ce n’est pas d’aujourd’huy que je te connois. Tu dois bien remercier ceux qui sont cause de la guerre, et prier Dieu que Paris soit tousjours comme il est. Ouy, Messieurs, a-t-il dit se retournant devers le peuple, ce sont des monopoleurs qui tirent tout l’argent de Paris à vendre leurs diables d’armes, qui ne servent qu’à faire tuer le monde ; et, tel que vous me voyez, je me suis veu et je devrois estre plus qu’eux ; mais cette guerre m’a ruiné aussi bien que beaucoup d’autres, et il n’y a que ces canailles qui en font leur profit. Quelques voisins, prenant la parole pour l’armurière, ont appellé cet homme seditieux, et que s’il n’estoit pas à son ayse, qu’il s’en prist à ceux qui l’avoient ruiné ; qu’au reste le bien des marchands ne luy devoit rien ; qu’il feroit bien de se retirer ; et, disant cela, l’ont un peu poussé par les espaules. Cette rudesse l’a mis tout à fait deshors, et, comme il s’est veu supporté de beaucoup d’autres qui s’estoient rangez de son costé, il s’est


vingt mille hommes, presque tous laquais ou apprentis. Ceux-ci, que les maîtres avoient été obligés de congédier en vertu de l’arrêt du 13 août, et qui n’avoient plus d’emploi comme artisans, en avoient ainsi retrouvé comme soldats. Les clercs des procureurs et les commis avoient aussi été équipés en guerre. « L’armée de Corbie, dit Tallemant, obligea chaque porte cochère de fournir un cavalier. Mon père équipa un de ses commis pour cela. » (Historiettes, 1re édit., t. 5, p. 151.) V. aussi plus haut, p. 7, note. C’est à ce grand armement que notre armurière avoit fait la fortune qu’on lui reproche ici.