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des gardes avoit quitté sa boutique, avoit esté contraincte de venir avec son academie trouver la cour à Fontainebeleau. Elle ne fut si tost arrivée que la reputation de son nom fut partout espandue entre les bons compagnons.

L’on ne manqua de la faire semoner au bal, et pour ce faire la petite Claire eut la charge de la prier avec toute sa compagnie ; ce qu’elle ne refusa, d’autant que, pour l’amour de ses compagnes, elle n’avoit garde d’y manquer. De sa bande estoient les dames de la fleur du Marais5, Guignoschat, de la Taille et la gentille Belinotte, et plusieurs autres que je ne sçay par les noms, toutes lesquelles, par une assez belle promptitude au bal, estant montées chacune sur un poulain, elles dancèrent d’une telle façon, qu’après l’on a esté contrainct de les frotter depuis la teste jusqu’aux pieds, et, leur peau estant si dure que le grand nombre de frottoirs desquels l’on se servoit s’usoit en un instant, que l’on a esté


gens sans aveu, dont le trop-plein refluoit sur les environs. Lorsqu’on la démolit, il y a deux ans, le quartier sur lequel elle planoit n’étoit pas mieux peuplé. V. notre livre Paris démoli, 2e édit., introd., p. l.

5. On sait que les courtisanes y abondoient. V. une lettre de Gui Patin, 1er octobre 1666. Marigny, dans son poème du Pain béni, nous donne le commissaire Vavasseur comme étant

Des lieux publics grand ecumeur,
Adorateur de ces donzelles
Qui ne sont ni chastes ni belles,
Et qui, sans grace et sans attraits,
Vivent des péchés du Marais.