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Et que Clotho pour lui n’a plus guère à filer.
Quel est donc son dessein ? Par cette vaine adresse
Croit-il tromper le cœur d’une jeune maîtresse,
Et par le faux eclat d’un bizarre ornement
Pretend-il l’engager jusques au sacrement ?
Que je le plains, Corinne ! Une femme trompée
D’une juste vengeance est sans cesse occupée,
Et je ne repons pas qu’il descende au tombeau
Sans porter sur son front quelque ornement nouveau.
Ne vaudroit-il pas mieux, au déclin de son âge ?
Que par ses cheveux gris il prouvât qu’il est sage.
Je sçai qu’il ne l’est pas ; mais, sans se deguiser,
Il auroit le plaisir de nous en imposer.
Pourquoi, mal à propos, enter sur sa vieillesse
Les rameaux verdoyans d’une folle jeunesse ?
Pour moy, j’ay beau chercher, sous sa riche toison
Je ne decouvre pas une ombre de raison.
S’il en faut en deux mots faire un portrait sincere,
Sa perruque est pesante et sa tête est legère.
Il peut, quand il voudra, descendre au sombre bord :
Il a rendu l’esprit long-temps avant sa mort.
Mais laissons ce vieux fol : la vieillesse obstinée
N’est pas à la sagesse aisement ramenée,
Et l’arbre que l’on voit plier sous son fardeau
Doit estre redressé lorsqu’il n’est qu’arbrisseau.
Avec plus de succès je rimeray peut-être
Auprès de ce blondin aux airs de petit-maître.
Juste ciel ! que de poudre ! il en a jusqu’aux yeux5.



5. Voir, sur cet abus de la poudre dont on enfarinoit la perruque et le haut des manteaux, le Dictionnaire de Furetière, au mot poudrier. Dans la comédie citée tout à l’heure, il en est