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La Vieille.

Vengez-vous.

La Jeune.

Vengez-vous.Et comment ?

La Vieille.

Vengez-vous.Et comment ?Comment ? ferrez la mule1 ;
À bien peigner le singe2 appliquez tous vos soins.

La Jeune.

Eh ! que me dites-vous ? Depuis six mois au moins,
Pour redresser mes gens, j’ai, ma pauvre Marie,
Usé tout mon sçavoir, toute mon industrie ;
Je n’ai rien negligé ; mais, malgré tout cela,
À peine ai-je de bon le corcet que voilà.
Sur ma fidelité toujours en defiance,
Des tours les plus adroits ils ont l’experience.
Ce qui peut se peser, ils le pèsent vingt fois,
Pour voir si je n’ai rien rapiné sur le poids.
Prompts à se faire rendre un denier, une obole,
Ils disent toujours que je les pille et les vole.
Croiriez-vous qu’au marché quelquefois je les voy,
Quand j’y pense le moins, venir derrière moi ?
En un mot, quoique gens à leur aise et bien riches,
Au delà du vilain ils sont ladres et chiches.

La Vieille.

Croyez-moi, mon enfant, il n’est point de maison


1. V., sur cette expression et sur son origine, notre édition des Caquets de l’Accouchée, page 15, note.

2. C’est-à-dire tondre le maître. Celui-ci s’appelle encore singe dans l’argot des ouvriers.