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Et, quand tous d’une voix disent : Fermez la porte,
C’est qu’il faut depenser (sans soin du lendemain)
Tout l’argent qu’un auteur m’a glissé dans la main ;
Bien plus, avoir la barbe ou prendre la casaque,
Se dit d’un sac à vin qu’un autre yvrogne attaque,
Et qui perd dans le vin le sens et la raison,
Jusqu’à ne pouvoir plus retrouver sa maison.
Bien battre le tambour, c’est quand je vais en ville
User d’une manière attrayante et civile
Pour forcer le plus dur et le moins bien-faisant
À faire à la chapelle10 un honnête present.
Comme je n’entends point chaque terme gothique
Tiré des lieux communs de l’art typographique,
Tous mettent leur plaisir à me contrarier,
Et sur un mot mal pris ne cessent de crier.
Quel homme pourroit donc avoir l’ame assez dure
Pour n’être pas touché des grands maux que j’endure ?
Mais pourquoy, dira-t-on, prendre un ton si plaintif ?
Est-ce pour être heureux qu’on se met apprentif ?
N’est-ce pas un etat de fatigue et de peine ?
J’en conviens, mais encor faut-il reprendre haleine,
Et tout n’iroit que mieux quand un peu de repos
Donneroit du relâche à mes rudes travaux.
Mais, helas ! en tout temps la peine est mon partage !
Et l’hyver et l’eté je ploye sous l’ouvrage.
Pour epargner l’argent qu’exige un vitrier,
En hyver on me fait huiler force papier.
C’est alors qu’au hazard de me fendre la tête,
D’une echelle branlante il faut gagner le faîte,



10. C’est le fonds d’où l’on tire de quoi faire la fripe. (Note de l’auteur.)