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Jusqu’à là mesmement qu’à rendre la pareille,
Ou soit tard, ou soit tost, tousjours je m’appareille :
Aussi l’homme bien né vraiment recognoistra,

De parolle ou de fait, le bien qu’on luy fera.

Thibaut, il me souvient qu’aux dernières estrainnes,
D’une paire de gands tu me donnas les miennes.
Je te veux ore faire un semblable present :
Je veux le gand chanter en ton nom à present,
Affin que, si mes vers sur le temps ont victoire,
Ton nom et ton present soient de longue memoire,
Ou bien à tout le moins pour te faire sçavoir
Que je ne veux manquer à faire le devoir
À l’endroit de celuy qui m’oblige et qui m’aime,
Ainsi comme tu fais, autant comme lui-mesme.



l’ami de collége de Jean Godard. Au sortir des études, comme celui-ci manquoit de ressources, il lui étoit venu en aide, et leur amitié s’en étoit augmentée. Godard fit son chemin dans les emplois, et aussi dans la poésie et au théâtre. Heudon souhaita les mêmes succès, et ce fut alors Godard qui lui tendit la main. (V. Hist. du théâtre françois, t. 3, p. 539.) Heudon fut moins heureux : sa réputation n’égala jamais celle de son ami. Ses tragédies de Saint-Clouaud et de Pyrrhe sont détestables, comparées à toutes les pièces de son temps, et en particulier à celles de Godard. Cette inégalité de succès n’altéra point leur amitié. Dans les poésies de Godard, les principales pièces sont dédiées à Jean Heudon (V. t. 2, p. 239, 245, etc.) ; d’autres sont adressées à son frère Audebert Heudon, à qui Godard semble avoir voué les mêmes sentiments. Tous deux moururent avant lui, laissant chacun un fils, Jean et Thomas, qui héritèrent de l’affection que J. Godard avoit eue pour leur père. Les stances qui terminent la seconde édition de ses poésies, la Nouvelle muse, etc., leur sont adressées, sous ce titre touchant : l’Amitié héréditaire.