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toute ronde, le poil blanc, jaune, noir et vert ; le col long bien dix aulnes, et a la teste comme une gargouille. Elle gette feu par la gueule, qui sent le souffre, especiallement quant il tonne, et se resjouyst tant du tonnoirre qu’on l’orroit braire et crier de plus de sept lieues.

Item, en l’ysle de Sosorogo, qui est grande, en la quelle nous avons esté bien l’espace de trois sepmaines, et est auprès du pays d’Albanie, merveilleuse cyté et grande près de Alexandrie, où madame sainte Catherine fut née et où les marmotz sont. En ceste dicte ysle les vaches n’ont point de cornes ne de queue, et semblent estre painctes, et le laict quelles donnent semble estre vin blanc, et est aussi bon que l’on sçauroit trouver, et sont tonsées deux fois l’an, et de la laine qu’elles portent on en fait ces draps de veloux blanc.

Item, les chièvres ont le laict si aigre qu’il ne sert que de verjus ou de vinaigre. Les moutons ont sept cornes6 et deux testes et la laine verte, et n’est loup qui en puisse approuchier, tant sont courageux ; ilz sont grans comme asnes et ont la queue comme ung lyon. En ceste dicte ysle, les gens sont vestuz de


6. Dans le précieux volume in-4 gothique possédé par la Bibliothèque impériale : Prestre Jehan à l’empereur de Rome et au roy de France, il est aussi parlé d’animaux à sept cornes. M. G. Duplessis a publié cette légende, d’après les meilleurs textes, à la suite de la Nouvelle fabrique des excellents traits de vérité, Biblioth. elzevirienne, Paris, P. Jannet, 1853. M. Ferdinand Denis en avoit déjà donné un bon texte dans son petit volume : Le Monde enchanté, Paris, 1843, p. 376.