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creste blanche et longue d’une aulne, et au bout la dicte creste a une pierre si excellente qu’on ne la sçauroit estimer : car l’hostel où les dictz coqs seront, le tonnoire, l’escler, la fouldre ne la tempeste n’y pourront faire aucun mal, pour la grant vertu et dignité de la dicte pierre. Ilz ont le bec large comme une becque, et les fault tondre tous les moys, et les dictz coqs et poulles chantent tousjours ensemble si trez melodieusement qu’ilz endorment les gens : car il semble que soient luz3 et harpes de ouyr leur chant.

Les poulles sont perses4 comme azur et n’ont point de plumes, si non en la queue, qui est blanche et comme miroer de paon, et ponnent les œufz tous cuytz, pour la grant chaleur qui est en eulx, et est bonne et excellente viande ; et qui les veult mengier clerez, il les convient mettre en eau chaulde.

Item, avons esté en une aultre ysle nommée l’ysle de Hude-Fridaga, où les femmes ont deux couillons5, et sont moitié noires et moitié blanches, et filent la soye le plus excellentement que jamais on sçauroit veoir. Les hommes ont les cheveulx trainans jusques en terre et sont jaunes comme fil dor, et ne font rien, ne aussi ilz ne veulent rien faire, sinon danser, ryre et galler.

En la dicte ysle a une manière de bestes qu’on appelle opy loripha, grosse comme ung tonnel, et est


3. Luths.

4. C’est-à-dire d’un bleu vert.

5. Dans les Prodiges de l’Inde, manuscrit cité par M. Berger de Xivrey, à la p. 117 des Traditions teratologiques, il est parlé de femmes barbues qui ont douze pieds de haut et portent une corne au nombril.