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Qui te conduira à la bière,

S’il en peut estre un si malin ;

Ulcère qui dans le visage
Te ronge jusqu’au cartilage,
Et tout ce qui dans le tombeau
Nous laisse à descouvert la face
D’une espouventable carcasse,
Le changeant en terre et en eau.

Nez qu’il faut remplir, pour tout dire,
De ces bonnes poudres de Cypre
Et de ces unguens de senteurs,
De crainte que dedans le monde
Le feu et l’air, la terre et l’onde,
Soient infectez de tes odeurs ;

Mais de crainte encor davantage
Que les humains ayent partage
En ceste malediction,
Comme desjà dedans ta race,
Par une hereditaire trace
Nous voyons ceste infection.

Ô salle engeance de vipère !
Pourquoy avois-tu un tel père,
Lequel à la posterité
Laissast le plus horrible monstre
Qui dans l’univers se rencontre,
À voir tout le monde irrité ?

Monstre qui, s’il estoit pour vivre
Longtemps, pourroit enfin produire,
Par ses sales exhalaisons,
Une peste au monde commune
Qui blesseroit mesme la lune
Et pervertiroit nos saisons.