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Et, si ton maistre avoit dessein
D’en loger dedans tes fossettes,
Pourveu qu’elles fussent plus nettes,

Il auroit tousjours quelque essein,

Essein qui le feroit gros sire,
Pourveu qu’il fist autant de cire
Et de miel comme du cerveau
Tu fournis les tiens à toute heure,
Coulant comme une chante-pleure
De pituite et de morveau.

Mais, ô nez ! tu es trop malade,
Tu n’es bon qu’à mettre en salade
Qu’un vieux empirique affamé
Donneroit à son torche-botte,
Pour esprouver son antidote,
Au lieu du plus fin sublimé.

Nez de crapaut, nez de vipère,
Nez de serpent, nez de Cerbère,
Nez du plus horrible demon
Qui soit dans la troupe infernale,
Nez à qui plus rien je n’esgale
Pour en ignorer le vray nom.

Mais d’où vient que ce nouveau monstre
Sous tant de figures se monstre,
Sinon que pour punition
Il ait esprouvé tous les charmes
De Circé, et senty les armes
De toute malediction ?

Il est ainsi, je te le jure,
Mais sans te faire aucune injure,
Car je sais trop bien, nez punais,
Qu’on n’en pourroit pas assez dire