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Je me perdois d’amour, de regrets et d’ennuis,
Je soupirois de jour, je lamentois de nuicts,
Furieux, n’ayant rien qu’en l’âme une maistresse,

Et ne descouvrant pas que les dames faisoient
Mille jeux de mespris de ceux qui les prisoient,
Trompé par un bel œil, je mourois de destresse.

II.

Maintenant que je sçay (commençant mon bonheur)
De quel esprit fascheux les dames sont menées,
Suivant en liberté meilleures destinées,
Je me donne plaisir de ma première erreur ;

Je recognois l’abus dont cette folle humeur
Agitoit quelquefois mon âme et mes pensées,
Et sans plus me former au cœur telles idées,
Je vivray triomphant, et non pas serviteur.

Je braveray l’amour, et d’une belle audace,
Ne craignant leur rigueur ny souhaittant leur grace,
Des dames je prendrai tout ce que je pourray ;

Je les feray resoudre à oublier leur gloire,
À se laisser conduire, à prier et à croire
Qu’elles feront enfin tout ce que je voudray.

III.

Lors que premièrement nous abordons les dames,
Nous qui avons l’honneur de la perfection,
Elles ont (je le sçay) de toute esmotion
Pour nous vouloir du bien les agreables flames.