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À ce soleil des cardinaux,



l’édition de Cologne, P. Marteau, 1694, in-12. Où fut-elle d’abord imprimée ? M. Leber pense qu’elle doit, comme les autres satires les plus violentes de ce temps-là, être évidemment sortie d’une cave de Paris. (De l’état réel de la presse et des pamphlets depuis François Ier jusqu’à Louis XIV, 1834, petit in-8, p. 100.) Richelieu étoit d’une opinion contraire ; il pensoit que toutes ces méchancetés venoient des Pays-Bas : « Les pièces qu’on imprimoit à Bruxelles contre lui, dit Tallemant (édit. in-12, t. II, p. 171), le chagrinoient terriblement. Il en eut un tel dépit que cela ne contribua pas peu à faire déclarer la guerre à l’Espagne. » La Milliade étoit de celles qui lui tenoient le plus au cœur. Tallemant ajoute, en effet, en note : « L’écrit qui l’a le plus fait enrager a été cette satire de mille vers, où il y a du feu, mais c’est tout. Il fit emprisonner bien des gens pour cela, mais il n’en put rien découvrir. Je me souviens qu’on fermoit la porte sur soi pour la lire. Ce tyran-là étoit furieusement redouté. Je crois qu’elle vient de chez le cardinal de Retz ; on n’en sait pourtant rien de certain. » On a beaucoup cherché ce que Tallemant avoue n’avoir pu découvrir. Les uns, tels que le Père Lelong (Biblioth. franç., t. II, no 22,095 ; et t. III, no 32,485 ; 516), l’attribuent à Charles Beys. Barbier (Dict. des Anonymes, t. II, p. 37-38) est du même avis. Peignot, de son côté, l’attribue à Favreau. Ce qui semble, toutefois, le plus probable, c’est que la Milliade est de Louis d’Épinay, abbé de Chartrice, en Champagne, comte d’Estelan, etc. La Porte le dit d’une façon formelle dans ses Mémoires (collect. Petitot, 2e série, t. 59, p. 356). Il ajoute que, pour cette satire, « il y avoit alors quatre ou cinq prisonniers à la Bastille » ; ce qui confirme ce qui a été dit tout à l’heure des nouveaux emprisonnements dont la Milliade fut cause. Il ne manque à l’opinion de La Porte que le témoignage de Tallemant. Il est singulier