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ponse que fit la belle Heleine à ce mignon et damoiseau Paris leur est fort convenable, lequel persuadant de le suivre à Troye, et luy raconter les braves exploits de guerre, elle le voyant sans armes, ains poupin mignonnement frizé et coiffé de son amour luy dit :

Quod bene te jactas, et fortia facta recenses,
ÆaA verbis facies dissidet ista suis ;
Apta magis Veneri, quam sint tua corpora Marti.
ÆaBella gerant fortes ; tu, Pari, semper ama5.

Et parce que ceste galante response est digne de remarque, et que les dames de la Cour en facent leur profit pour gausser en ces genereux cavalliers, j’ay mis ces vers françois :

Quant à vos preux et vaillans faicts
Dont vous tenez si grand langage,
Je le crois, mais vostre visage
Ne me semble point si mauvais :
Vous estiez nay mieux pour les femmes
Que pour les armes et debats.
Laissez aux autres les combats,
Mignons, faictes l’amour aux dames.

Je ne tance point par ces vers les braves guerriers et genereux enfants de Mars, qui, pour estre amoureux de la belle Venus, ne laissoient de se trouver aux lieux d’honneur, et faire leur devoir à la guerre.

Ce pacquet s’addresse à certains plumeurs, tellement effeminez qu’ils n’auroient le courage de voir esventer une veine, et cependant ces braves capitaines, en temps de paix, veulent estre estimez des


5. Ovide, Epist. Heroidum, Helena Paridi, ad fin.