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en Angleterre pour y accoucher, ce qui l’obligea à lui demander quelle en estoit la raison, puisque autrefois elle partoit d’Angleterre pour venir accou-


fit assembler les lords pour protester devant eux de la fausseté des bruits qui couroient sur la naissance de son fils. Dans cette séance, qui eut lieu le 1er novembre 1688, comparurent quarante-deux témoins, la reine douairière en tête : « Ils donnèrent, dit Mazure (t. III, p. 152), des détails si positifs, si manifestes, que la crédulité la plus malicieuse et la plus obstinée devoit se rendre à l’évidence de la vérité. » On ne s’y rendit pas cependant, et le doute dure encore. La princesse Palatine, mère du Régent, ne le croyoit pas possible : « Je gagerois, écrivoit-elle au sujet du prince de Galles le 11 avril 1706, je gagerois ma tête qu’il est parfaitement légitime ; d’abord, il ressemble à la reine sa mère comme deux gouttes d’eau ; ensuite, je connois une dame qui a assisté à sa naissance qui n’étoit pas du tout amie de la reine, et qui, pour dire la vérité, m’a avoué qu’elle étoit venue là afin de tout surveiller ; elle m’a déclaré qu’elle avoit vu l’enfant retenu par le cordon ombilical, et qu’il étoit très positivement le fils de la reine. Comme les Anglois se conduisent parfois assez singulièrement avec leurs rois, et qu’ils n’ont pas encore vu d’étrangers sur le trône, on n’a pas beaucoup d’empressement à devenir leur souverain. » Vous venez de voir que le prince ressembloit à sa mère ; aussi, pour quelques-uns que ce fait eût confondus, n’y avoit-il pas eu dans tout cela une substitution d’enfant, mais une infidélité de la reine. Elle auroit fait, disoit-on, comme Anne d’Autriche avec Mazarin. Ce quatrain à deux tranchants le donnoit à penser :

À Jacques disoit Louis :
De Galles est-il votre fils ?
— Oui dà, par sainte Thérèse,
Comme vous de Louis treize !