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entreprises, s’etoit acquis la confiance des alliés de la France, qui ne la donneroient pas à aucun autre au même degré ; et que les ennemis de la France, ravis de se voir aux mains avec une femme et ceux qui la gouvernoient, au lieu d’avoir affaire au même genie qui leur attiroit tant de travaux, de peines et de maux, triompheroient de joie d’une conduite si differente, tandis que nos alliés se trouveroient etourdis et peut-être fort ebranlés d’un changement si important ; que, quelque puissant que fust le genie de Sa Majesté pour soutenir et gouverner une machine si vaste dont les ressorts et les rapports necessaires etoient si delicats, si multipliés, si peu veritablement connus, il s’y trouvoit une infinité de details auxquels il falloit journellement suffire dans le plus grand secret, avec la plus infatigable activité, que ne pourroient pas leur nature, leur diversité, leur continuité, devenir le travail d’un roy ; encore moins de gens nouveaux qui, en ignorant toute la batisse, seroient arrêtés à chaque pas, et peu desireux, peut-être, par haine et par envie, de soutenir ce que le cardinal avoit si bien, si grandement, si profondement commencé. À quoi il falloit ajouter l’esperance des ennemis, qui remonteroient leur courage à la juste defiance des alliés, qui les detacheroit et les pousseroit à des traités particuliers, dans la pensée que les nouveaux ministres seroient bientôt reduits à faire place à d’autres encore plus nouveaux, et de la sorte à un changement perpetuel de conduite.

Ces raisons, que le roy s’etoit sans doute dites souvent à luy-même, luy firent impression. Le