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jours aux pieds de la reyne, la tira par l’epaule, et luy dit en colère que c’etoit assez en avoir entendu, et de se retirer. Sortant en pleurs, elle trouva le cardinal, son oncle, qui entroit dans les premières pièces de l’appartement. Il fut si effrayé de la voir en cet etat, et tellement de ce qu’elle luy raconta, qu’il balança quelque tems s’il s’en retourneroit.

Pendant cet intervalle, le roy, avec respect, mais avec depit, reprocha à la reyne son manquement de parole donnée de son gré, sans en avoir eté sollicitée, luy s’etant contenté qu’elle vist seulement le cardinal de Richelieu au conseil, non ailleurs, ny pas un des siens ; que c’etoit elle qui avoit voulu les voir chez elle, sans qu’il l’en eust priée, pour leur rendre ses bonnes grâces ; au lieu de quoi elle venoit de chanter les dernières pouilles à madame de Combalet, et de luy faire, à luy, cet affront.

Il ajouta que ce n’etoit pas la peine d’en faire autant au cardinal, à qui il alloit mander de ne pas entrer. À cela, la reyne s’ecria que ce n’etoit pas la même chose ; que madame de Combalet lui etoit odieuse8 et n’estoit utile à l’Estat en rien, mais que le sacrifice qu’elle vouloit faire, de voir et pardonner au cardinal de Richelieu, etoit uniquement


8. S’il falloit en croire l’histoire secrète des amours du cardinal de Richelieu avec Marie de Médicis et Mme de Combalet publiée en 1805 dans les Souvenirs du comte de Caylus, puis par Auguis dans les Révélations indiscrètes du dix-huitième siècle, cette haine de Marie de Médicis auroit eu la jalousie pour cause, Mme de Combalet, toujours d’après ce récit scandaleux, ayant enlevé à la reine-mère l’amour du cardinal, son oncle.