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les autres ; mais quatre jours après, passant par la ville de Reims pour visiter son procureur, la peste le prit, qui l’estrangla au mois d’octobre dernier.

Un Provençal, aussi tost que les autres, qui vouloit sçavoir le fondement de ces merveilles nouvelles, après avoir fait le serment et receu les instructions, fut estranglé la nuict en suivant, et son corps invisible pour avoir manqué à faire l’hommage qu’il devoit soir et matin à son demon. Cela arriva au village de Plisan, au mesme mois d’octobre.

Un jeune homme de l’Isle de France, dont je tays le nom comme des autres, pour ne point scandalizer les maisons ny les familles, ayant fait l’amour un fort long-temps à une fille de bon lieu, laquelle, peu amoureuse des delices du monde, habandonna l’amour passager à un eternel amour, se retirant dans une religion devote où elle a fait profession d’y vivre et mourir ; et ce jeune homme, encore passionné de sa maitresse, laquelle il aimoit uniquement, et de laquelle il portoit au cœur et l’image et l’idée, fust si aveuglé que d’aller faire comme les autres pour se rendre invisiblement dans la chambre de la religieuse et contempler à loisir l’original de son portraict. Mais tant s’en faut qu’il peust aller voir secrettement son amante, que la nuict en suivant qu’il eust fait paction et serment à noz invisibles, un desespoir le prist de telle sorte qu’il s’estrangla avec ses jarretières.

Il me semble que, pour eviter prolixité, c’est assez d’avoir fait preuve de ceux cy dessus nommez pour servir de preuve et tesmoignage que noz invisibles sont diables et non pas des hommes, de-