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en son endroit. La damoyselle, qui au plus n’avoit pour lors que trois ou quatre serviteurs, se trouva bien estonnée, et luy respondit que pour de l’argent, elle ne l’en pouvoit pas accommoder, mais que luy plaisoit de disner chez elle, elle luy en donneroit très volontiers, comme de faict il y disna et s’en alla5. Je raconterois icy divers autres actes qu’il a faict aux environs de Paris, mais je reserve tout pour histoire de sa vie à part. Je viens maintenant à sa prise, et de la façon qu’il a été mené prisonnier.

Enfin, quand la mesure est pleine et que Dieu nous a attendu longtemps pour nous remettre en notre debvoir, sa justice est contraincte d’executer ce que sa misericorde ne pouvoit faire auparavant ; il y avoit trop longtemps que Carrefour bravoit le ciel et la terre, l’heure estoit venue où il devoit payer le tribut et rendre raison à la justice divine.



5. En 1605, les Barbets avoient aussi infesté en plein jour les maisons de Paris en se servant de divers déguisements : « Trouvant moyen, dit l’Estoille (t. II, p. 390), d’entrer aux maisons sous couleur d’affaire qu’ils disoient avoir aux maîtres d’icelles ; après les avoir accostés sous prétexte de leur parler, demandoient de l’argent avec le poignard sous la gorge. Entre ceux qui furent volés, on compte le président Ripault, le trésorier de M. de Mayenne, nommé Ribaud, lequel ils contraignirent de leur donner deux cents écus en or ; et un avocat nommé Dehors, auquel, après l’avoir lié, ils volèrent la valeur de deux mille écus, ainsi qu’on disoit. Chose estrange de dire que dans une ville de Paris se commettent avec impunité des voleries et brigandages, ainsi que dans une pleine foret. »