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car depuis cinq ou six ans il a fait des vols et extorsions estranges. Mais comme il ne tient pas une même route, et qu’il est tantôt d’un costé, tantôt de l’autre, ils ne l’ont peu jamais attraper, outre qu’il est tousjours en action, et comme il se faict suivre ordinairement d’une cinquantaine de desesperez comme luy ; aussi a-t-il divers espions et correspondance, pour estre adverty de tout ce qui se faict en divers endroicts du royaume. C’est la raison pour laquelle jusques icy il s’est tousjours tenu si bien sur ses gardes.

Il y a quelques mois que les archers des mareschaux, courant la campagne, le rencontrèrent à sept ou huict lieuës de Paris, deguisé en habit d’hermiste4. Ils luy demandèrent s’il n’avoit point ouy


4. C’étoit un déguisement que les voleurs des bois prenoient alors volontiers. Il est parlé, dans l’Histoire du diocèse de Paris, de l’abbé Lebeuf, t. XI, p. 20, de deux gardes-chasses de Mme de Bassompierre, qui, ainsi couverts soit d’une robe d’ermite, soit d’une livrée de grande maison, savoient attirer dans leurs embuscades les gens qui leur sembloient devoir être une riche proie. Ils infestoient surtout la grand’route d’Orléans, aux environs d’Arpajon, à l’endroit ou le voisinage de la vallée Torfou ou de Trefou la rendoit alors si dangereuse. Il a déjà été question de cette forêt dans notre t. I, p. 206, et nous avons donné en note une mauvaise explication de son nom. Il est probable que Carrefour, qui ravageoit de préférence les environs de Paris, avoit devancé dans ce célèbre coupe-gorge les deux bandits dont nous venons de parler. Il y auroit au reste été précédé lui-même par le capitaine Mirloret, dont, suivant l’Estoille, la rencontre y étoit si dangereuse un peu avant 1610. (Édit. du Panth. litér., t. II,