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six enfans avec leurs nourrices, et aultres dames ses gouvernantes et un frère de son mary2. Ceste


dont il est ici question, nulle envie de le devenir. Au XVIe et au XVIIe siècle, il ne fut pas rare de voir de ces baptêmes de musulmans. L’Estoille, sous la date du 13 juillet 1607, parle de l’inhumation d’une femme barbaresque prise en mer avec plusieurs autres par un capitaine florentin, amenée, puis baptisée à Florence, ou Marie de Médicis avoit été sa marraine ; mariée ensuite à Mattiati Vernacini, et devenue enfin femme de chambre de la princesse, qu’elle accompagna en France, où elle mourut. Dans la Gazette rimée de du Lorens (25 juillet 1666), il est parlé d’un prince ottoman retiré à Paris, que notre gazetier déclare être un époux des plus sortables pour une infante de Perse tout récemment arrivée dans la même ville ; malheureusement le musulman s’étoit fait jacobin. En 1688, on fit, à Versailles, le baptême de deux princes de Macassar. (Journal de Dangeau, t. II, p. 103.) On connoît enfin le prétendu roi d’Éthiopie qui fit tant de bruit à Paris sous Louis XIII, et aussi le petit prince de Madagascar que M. de Mazarin fit, à la même époque, venir à Paris et baptiser. (Tallemant, édit. in-12, t. X, p. 244.)

2. C’est à peu près ce qui arriva, vers 1784, à Mlle Aimée Du Buc, créole de la Martinique, amenée à Nantes pour y faire son éducation, et prise par des corsaires sur le vaisseau qui la reconduisoit dans son île natale. Le dey d’Alger, à qui elle fut donnée, l’offrit en présent à Abdul-Hamed, dont elle eut un fils qui fut le sultan Mahmoud. On fait honneur à la belle créole, devenue sultane Validé, de quelques-unes des réformes accomplies par son fils et de l’heureuse influence que le gouvernement françois eut longtemps sans partage à Constantinople. On peut lire dans l’Illustration (février 1854) un curieux article de M. Xavier Eyma sur Mlle Du Buc, et aussi les Lettres sur le Bosphore.