hommes, et comme si la nature n’avoit autre remède pour eslever si haut ces estranges colosses. N’est-il bien vraysemblable que ceste grande architecture ne leur aye peu fournir une extrême
(August., cap. 72.) Le silence se fit enfin sur cette grande dispute ; on ne reparla du roi Theutobocus et de ses ossements que plus de cent ans après. C’est dans une lettre, adressée le 22 décembre 1744 à l’abbe Desfontaines, et publiée au tome V de ses Jugements sur les ouvrages nouveaux, qu’il en est question. Il y est parlé de la moitié d’un os de la jambe et d’une dent, possédées encore par le petit-fils du marquis de Langon. C’étoit la partie des ossements qui n’avoit pas été envoyée à Paris, et dont Requier nous a parlé dans la Vie de Peiresc. Qu’étoit devenu le reste ? On va le savoir. En 1832, un naturaliste, M. Audoin, étant à Bordeaux, apprit d’un de ses confrères, M. Jouannet, que les ossements attribués au roi Theutobocus se trouvoient depuis fort longtemps dans le grenier d’une maison de cette ville. Suivant la tradition, ils avoient été apportés par Mazuyer pour être montrés en public, mais le pauvre diable, n’ayant pas fait ses frais, les avoit laissés pour compte. On ajoutoit que, ce qui lui avoit surtout nui, c’étoit la concurrence d’une tronpe de comédiens alors en passage à Bordeaux, et dont le public avoit préféré les farces à cette montre de vieux ossements. Cette troupe, toujours suivant la tradition, auroit eté celle de Molière ; c’est des Bejard qu’on vouloit dire. On sait, en effet, qu’ils allèrent à Bordeaux, sous le patronage du duc d’Épernon. Quoi qu’il en soit, lorsqu’on eut connaissance, au Muséum, de l’existence de ces débris, on pria M. Jouannet de les envoyer à Paris, ce qui fut exécuté. Grâce aux progrès qu’avoit faits la science paléontologique, il fut alors facile de reconnoître que ce n’étoient ni les os d’un géant, ni même les restes d’un éléphant, comme l’avoit dit Riolan, ainsi que Peiresc, et comme l’avoit répété Cuvier, dont l’erreur étoit bien pardonnable puisqu’il n’avoit pu les