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tous les détails de l’ajustement, une intelligence plus fine pour l’invention et l’arrangement des accessoires qui le composent, un gout plus recherché pour les ornemens qui font ressortir la beauté, sans donner dans l’affectation ; un instinct, en quelque sorte, inné pour tout ce qui tient à l’elegance de la chevelure ; enfin une connoissance plus particulière des moyens que l’art peut ajouter aux grâces naturelles : voilà ce qu’on ne sauroit disputer aux femmes5.



éclat le plus beau. Mais il faut que l’artiste respecte son ouvrage ; que, placé si près, par son service, il ne perde pas de vue l’intervalle quelquefois immense que la différence des états établit ; qu’il ait assez de goût pour sentir les impressions que son art doit faire, et assez de prudence pour les regarder comme étrangères à lui. »

5. Me Bigot ne plaidoit pas pour des artistes femmes, mais il ne mit pas moins de grâce à décrire la délicatesse de leurs travaux capillaires, et à ravaler ceux de leurs antagonistes : « La profession de perruquier, s’écrie-t-il, appartient aux arts méchaniques ; la profession de coiffeur des dames appartient aux arts libéraux… L’art des coeffeurs des dames, dit-il encore, est un art qui tient au génie. » Puis il se plaît à décrire les nuances de talent qui y sont nécessaires : « L’accommodage se varie suivant les situations différentes. La coiffure de l’entrevue n’est pas celle du mariage, et celle du mariage n’est pas celle du lendemain. L’art de coiffer la prude et de laisser percer les prétentions sans les annoncer, celui d’afficher la coquette et de faire de la mère la sœur aînée de la fille ; d’assortir le genre aux affections de l’âme, qu’il faut quelquefois deviner ; au désir de plaire, qui se manifeste ; à la langueur du maintien, qui ne veut qu’intéresser ; à la vivacité, qui ne veut pas qu’on lui résiste ; d’établir des