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les loix et les arrêts qui assurent l’etat et le commerce des coëffeuses, ils veulent depouiller ces dernières de tous leurs priviléges3.

Celles-ci viennent avec confiance reclamer aux pieds du trône des droits dont la confirmation a eté l’ouvrage du trône même. La discussion la plus rapide suffira pour devoiler toute l’injustice des pretentions qu’elèvent contre ces droits les perruquiers de la ville de Rouen.

Cette ville est peut-être la seule dans le royaume, où la coëffure des hommes et celle des femmes aient eté confiées, dans l’origine, à des mains differentes. Cette division utile a son principe dans la raison et la nature ; il est plus simple en effet de laisser aux femmes le soin de parer et d’embellir les personnes de leur sexe4 ; un tact plus sûr sur


3. À Paris, les prétentions avoient été les mêmes : « Les maîtres barbiers-perruquiers, dit Bigot de la Boissière, sont accourus avec des têtes de bois à la main ; ils ont eu l’indiscrétion de prétendre que c’étoit à eux de coiffer celles des dames. Ils ont abusé d’arrêts qui nous sont étrangers, pour faire emprisonner plusieurs d’entre nous ; ils nous tiennent, en quelque sorte, le rasoir sous la gorge. » (Causes amusantes, t. 1, p. 367.)

4. C’est ce que dit aussi Me Bigot de la Boissière en faveur de ses clients ; mais s’il parloit pour nos clientes, il auroit bien mieux raison : « Le coiffeur d’une dame est, dit-il, en quelque sorte le premier officier de sa toilette ; il la trouve sortant des bras du repos, les yeux encore à demi fermés, et leur vivacité comme enchaînée par les impressions d’un sommeil qui est à peine évanoui. C’est dans les mains de cet artiste, c’est au milieu des influences de son art, que la rose s’épanouit en quelque sorte, et se revêt de son