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L’Amant.

Quoy, Madame, on n’ozeroit donc vous approcher ? Au moins que je touche à ce beau sein là.

La Maistresse.

C’est un autre fait, Monsieur. Nous ne sommes pas de ces gens là, qui se laissent ainsi manier : c’est à faire à d’autres. Je croy que ce n’est que pour m’esprouver ce que vous en faictes ; je ne croy pas que vous ayez rien recogneu en moy qui vous porte à cela.

L’Amant.

Madame, ce que j’en ay fait ce n’estoit pas pour vous offencer ; vous vous faschez pour un bien maigre subjet : j’ayme bien mieux m’en aller que de vous estre davantage importun. Je voy bien que vous n’estes pas aujourd’huy en vostre belle humeur, je m’en vais vous donner le bon soir : peut-estre que vous ne serez pas demain si fascheuse. Tout cela n’empeschera point que je ne demeure vostre serviteur. Mais, Madame, je vous prie que je ne m’en aille point disgracié de vostre personne.

La Maistresse.

Monsieur, il n’y a point de disgrace à tout cela : mais c’est que vous estes si pressant, et si mouveux[1], qu’on ne sçauroit estre un quart d’heure en repos avec vous.

  1. C’est un mot encore employé dans l’Orléanais, avec le sens de remuant, affairé.