digne que vous pensiez en moy ; je n’ay pas assez de merite pour vous ; il vous en faut bien un autre ; peut-estre qu’il y en a desja quelqu’un qui occupe la place.
La Maistresse.
Pardonnez-moy, Monsieur, je vous asseure que je n’aime personne plus que l’autre ; quant à de moy, je voy tout le monde esgalement.
L’Amant.
Ah Dieu ! que celuy sera heureux qui possedera une si belle dame ! Que je ferois estat de moy si j’avois ses bonnes graces.
La Maistresse.
Ô Monsieur, je sçay bien que vous sçavez bien vostre monde ; vous n’allez point chercher à vos talons ce que vous voulez dire.
L’Amant.
Madame, pardonnez-moy, je n’ay point tant de discours ; mais c’est que vous estes si belle qu’on ne sçauroit s’empescher de vous aymer. Mon Dieu, que voila un bras qui est blanc et potelé !
La Maistresse.
Monsieur, vous vous mocquez aussi bien d’assiz comme debout ; il n’y a nullement de beauté en moy.
L’Amant.
Madame, c’est vostre humilité qui vous faict parler ainsi ; il vault mieux que ce soit vous qui le die qu’un autre.