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voir : il me fasche de te voir si longtemps comme cela, tu m’attristes grandement.

La Bourgeoise malade.

Helas ! mon ami, je prends le meilleur courage que je puis, mais je sens tant de mal que je ne sçay de quel costé me tourner.

Le Mary.

Et bien, ma fille, ton clistère a t’il bien operé ?

La Bourgeoise malade.

Nany, tout m’est demeuré dans le corps ; il ne m’a de rien servi qu’à m’affoiblir davantage ; cela m’a esmeue de la plus terrible façon que je ne sçay plus où j’en suis ; ne me parlez plus de prendre des clistères, si vous ne me voulez faire mourir.

Le Mary.

Mais, ma fille, encore faut-il se contraindre pour sortir vistement de là ; car si tu ne voulois rien prendre, ce ne seroit pas le moien de te guerir. Le medecin a ordonné que tu serois saignée demain, et puis après tu prendras une petite potion.

La Bourgeoise malade.

Mon Dieu, vous me rendez si debile que vous n’y pourez plus quelle pièce coudre, et que vous ahannerez[1] bien à me tirer de là. Vous sçavez bien que je ne suis pas femme à prendre tant de drogues ;

  1. Vous aurez bien de la peine. On disoit plus souvent, dans ce sens, suer d’ahan. Plus anciennement, on avoit dit en hanner, comme on le voit dans la vieille traduction