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cela vault : ce n’est pas d’aujourd’huy que nous en vendons.

La Bourgeoise.

Tredame, mon amy, je croy que vous vous mocquez quant à moy, de faire cela un escu ; encore pour quarante sols je me lairrois aller.

La Femme du Boucher.

Ah ! Madame, il ne vous faut pas de si bonne viande ; il faut que vous alliez querir de la cohue[1], on vous en donnera pour le prix de vostre argent ; je n’avons point de marchandise à ce prix là, il vous faut de la vache et de la brebis.

La Bourgeoise.

Tredame, m’amie, vous estes bien rude à pauvres gens[2] ! Je vous en offre raisonnablement ce que cela vaut ; vous me voudriez faire accroire, je pense, que la chair est bien chère.

Le Boucher.

Madame, la bonne est bien chère ; voirement, je vous asseure que tout nous r’encherit : la bonne marchandise est bien chère sur le pied. Mais tenez, Madame, regardez un peu la couleur de ce bœuf-là ? Quel mouton est cela ? Cette poictrine de veau a t’elle du laict ? Vous ne faictes que le marché d’un autre.

La Bourgeoise.

Mon ami, tout ce que vous me dittes là et rien


  1. C’est-à-dire de celle qui se vend à la criée.
  2. C’est ce que Molière, dans Georges Dandin, fait dire par Lubin à Claudine.