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La troisième Voisine.

Jesu ! comment dites-vous cela ? Pour moy, je trouve que c’est une grande consolation qu’un mary : il n’y a si petit buisson qui ne porte ombre. Toute l’apprehension que j’ay, c’est que le mien aille devant moy ; il n’est point desbauché ; si je sors de la maison, je suis en repos, je n’ay point peur qu’il la quitte.

La première Voisine.

Helas ! ma commère, que vous estes heureuse d’avoir si bien r’encontré ! Le mien n’est pas de mesme : le premier qui vient l’emporte. Qu’on luy dise beuvons demy setier, il dira beuvons en cinq.

La troisième Voisine.

Ils ne sont pas pour manger leur pain en leur sein, encore faut il qu’ils se resjouissent ; je n’en aymerois point un qui crachast tout le jour sur les tizons ; on ne sçauroit tourner un œuf qu’il ne le voye.

La seconde Voisine.

J’en voudrois bien un, moy, qui gardast la maison : je ne serois point en peine qu’il fist des noises ny des querelles, et qu’il perdist son argent. L’autre jour le nostre revint après avoir tout perdu ; il veid que j’avois reçu une demi-pistole et huit demi quarts d’escus, tellement qu’il les vouloit encore pour aller joüer. Je lui dis : « Vous ne les aurez pas, pas vous ne les aurez ; vous voulez encore les perdre. » Il me dit : « Je les auray, ou si tu ne me les bailles, je joueray tout ce qui est à la maison. » Je fus donc contraincte de les luy bailler ; quand