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mites bouillantes, passant par devant leurs cuisines, desquelles tu es assez souvent chassé, néantmoins je ne laisse pourtant d’estre assez estimé, voire plus que toy, pour la vérité que souventefois je persuade à plusieurs qui se sont assez bien trouvez de m’avoir creu2.

Guillaume. Je trouve ma condition feneante plus aisée que la tienne, car avec quelque cartel de ma fantaisie mal timbrée j’ay plustot acquis une pistole que toy un teston avec tes caquets persuasifs3.

Bon-homme. Il est vray, et croy bien ce que tu dis ; mais pourtant avec mon hocqueton de treil-


2. Cela fait allusion aux pasquils qui se publioient sous le nom de Jacques Bonhomme, considéré toujours comme la personnification du peuple souffreteux. (V. t. VI, p. 53, note.) En cette année 1614, et au sujet des troubles dont il est parlé ici, on avoit justement vu paroître une pièce de ce genre. Jacques Bonhomme y étoit donné comme un paysan des campagnes qui avoient eu alors le plus à souffrir. Voici le titre de ce petit livret, qui est rare : Lettre de Jacques Bonhomme, paysan de Beauvoisis, à Mgrs les princes retirés de la cour. Paris, Jean Brunet, 1614, in-8.

3. Il falloit toutefois que Me Guillaume fît en un jour grand débit de ses pasquils pour arriver à gagner une pistole, car il ne les vendoit pas cher. « J’ay, dit L’Estoille (mardy 16 sept. 1606), baillé ce jour à maistre Guillaume, de cinq bouffonneries de sa façon, qu’il portoit et distribuoit luy-mesme, cinq sols ; qui ne valent pas cinq deniers, mais qui m’ont fait plus rire que dix sols ne valent. »