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Mais, je vous prie, considerons un peu à part nous, peuple françois, qui nous a mis la victoire en main ? Qui a humilié ces Suisses ? Qui a estouppé et bridé ces pistoliers ? Ce ne sont point les forces françoises : l’estranger nous surmontoit. Ce n’est point le bras humain : le prince du monde avoit desployé sa puissance contre l’estat très chrestien, esperant de donner soudainement le coup de ruine à l’epouse de Jesus-Christ. C’est donc Dieu qui a rendu noz ennemis esperdus. Noz forces ont esté les bouteilles de Gedeon. En un mot, peuple françois, si tes ennemis ont vuidé la France, si la France jouit de sa franchise, n’impute point ce bien à la prudence humaine : elle ny voyoit goutte ; moins à noz forces : elles estoient trop foibles ; ains à la toute puissante grace de Dieu, lequel a voulu encores pour ce coup te garentir des pattes du loup et de la griffe du lyon. N’espère qu’en luy ; ne t’appuie sur ce qui est de l’extérieur. Dieu fait ses miracles et œuvres prodigieuses lors que toutes choses sont reduites au desespoir. De ma part je presage, mes vœux tendent là, que Dieu veult retirer son courroux de nostre France, moyennant que par recognoissance de noz faultes et repentance de noz pechez nous nous rendons capables de sa digne faveur.

Desja, peuple chrestien, françois, parisien, je vois que tu te veux estranger au nombre des ingrats et mescognoissants, attendu que si tost que ceste heureuse nouvelle de la route de noz ennemis nous a esté annoncée, il n’y a eu celuy d’entre nous qui ne se soit bandé pour en remercier humblement la majesté divine ; et pour plus particulièrement tes-