Page:Variétés Tome IX.djvu/114

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

que nous ne sommes plus ceux lesquels estions battus de la famine, de la souffrette et nécessite.

Et pour ce, afin de nous resveiller, Dieu a permis que l’aquilon a chassé en nostre France une formillières de hannetons, deliberez non point de brotter seulement le tendron de noz arbres, mais de s’emparer de l’estat, nous bannir de nostre propre terre, nous en chasser. Ce coup de fouet a fait gemir les plus advisez souz la juste prudence de nostre Dieu, recognoissans que sa Majesté estoit grandement indignée contre le peuple françois, en ce qu’à peine avoit-il le pied tiré hors de Scylle, qu’il choquoit Charybde ; la famine n’estoit presque appaisée, que la guerre venoit moissonner le rapport de l’année, et qui pis est menaçoit l’estat françois de submersion, et nostre saincte Eglise catholique, apostolique et romaine d’esbranlement.

Tant de soupirs, tant de regrets, tant de gemissements, enfin ils ont tasché à semondre la clemence divine à prendre pitié et commiseration des desolations de nostre France, et des restes de son Eglise sacrée, par vœux, par penitences et par autres œuvres devotieuses. Les autres ont pensé qu’il falloit opposer la force à la force, et monstrer à ceste racaille estrangere quelle estoit la vertu des François ; ils y ont porté ce qui s’est peu, la générosité, la magnanimité, l’adresse, leurs moyens, y ont exposé leur propre vie. Les autres, faillis de cœur et


sage de Monstrelet (liv. II, ch. 39) : « Il le fit servir abondamment de tous vivres, hors de vin ; mais les marchands chrétiens lui en faisoient delivrer secrètement à grand’ planté. »