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place4 luy parut tout-à-fait propre à faire un chemin commode aux ecoliers pour aller à leur pré, et, jugeant que c’estoit le veritable moyen de leur oster le pretexte de se quereller avec les domestiques de l’abbaye, il en disposa quatre ans après en faveur de l’Université.

Cette pièce de terre fut dans la suite l’origine et la source, ou du moins le pretexte, de bien des chicanes et des troubles ; car messieurs de l’abbaye, fachés de la voir au pouvoir de l’Université, n’oublièrent rien pour la luy oster, et, ne pouvant en venir à bout par les voyes de droit, parce qu’ils l’avoient alienée sans contrainte, ils mirent en usage les voyes de fait, jusques là mesme que, dans une querelle qui s’emeut en l’année 12785 entre les ecoliers et les domestiques des moines, il y eut


4. Cette place, dite d’Aubusson, estoit située entre les rues que l’on nomme aujourd’huy rues Neuve-des-Fossez et des Mauvais-Garçons (note de l’auteur). Elle se trouvoit donc un peu plus haut que le carrefour Buci, entre la rue des Fossés-Saint-Germain ou de l’Ancienne-Comédie et la rue Grégoire-de-Tours, pour substituer le nom tout moderne de cette rue à celui des Mauvais-Garçons, que les écoliers, ses passants ordinaires, lui avoient si bien mérité autrefois, comme on le voit par un très curieux passage du volume de du Boulay, p. 183. Ces 160 pieds, selon le même du Boulay (p. 47), partoient de la porte Saint-Germain ou des Cordeliers, longeoient le mur en dehors jusqu’à la porte de Buci, et de là gagnoient le pré « par derrière les jardins de l’hostel de Nesle, où sont aujourd’huy plusieurs tripots et jeux de courte paume. » V. encore p. 394.

5. V. sur cette querelle, qu’il place en 1277, Félibien, t. 1er, p. 436.