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tirer de la compagnie, de l’amitié, de la consolation en leurs adversitez, et neantmoing, quand ils mènent leurs femmes en leurs maisons, ils mettent le plus souvent un enfer pour les tourmenter incessamment et pour combler leur vie de toutes les misères et tribulations, et ce quy est la cause du raccourcissement de leurs jours.

Car souventefois il se trouve des femmes quy font honte à des furies infernales, nées en ce monde pour tourmenter leurs maris ; et encore en ces ames molles d’hommes, quy, trop uxorieux1 et attendriz de ce sexe, trouvent estrange que des maris usent quelques fois de main mise, les quelles à tout le moins doivent recognoistre que les maris ont autant de puissance sur les femmes que l’esprit sur le corps en servitude, pour ne perdre la dignité que Dieu luy a donnée, ce qui occasionne les maris de chastier les femmes quand, au lieu de fidelles compagnes, elles veulent estre la gêne, la torture et la croix des maris ; que les femmes ostent le ver quy leur ronge les esprits2, incessamment plus pernicieux pour elles que ne sont des lions ou serpens, estant les feux quy leur rongent et devorent journellement les veines.



1. C’est-à-dire trop amoureux de leur femme. C’est le mot latin uxorius, employé par Horace, liv. 1er, ode 2, v. 18 ; par Virgile, Énéide, liv. 4, v. 266, etc. Il se prenoit, comme ici, presque toujours en mauvaise part, en façon de blâme contre les maris trop foibles.

2. On croyoit que certaines maladies cérébrales venoient d’un ver logé dans la tête. C’est ce qu’on appeloit l’avertin (voy. Des Perriers, Contes et joyeux devis, nouv. 115 et 125),