Page:Variétés Tome IV.djvu/64

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sance et de ma demeure, le tesmoignage des veritez que je vous dis ; ne craignant rien, sinon que, nos desseins venans à s’esventer, mes parens n’y apportent de l’empeschement à leur possible, me remettant toutes fois à tout ce qu’on en voudra faire.

Ce pauvre Orcandre et tous ceux qu’il avoit assemblez furent si fort esblouys de la naifveté dont le filou desguisoit si bien sa malice et sa ruse qu’en mesme temps ils dirent tous ensemble qu’il n’estoit pas besoin de s’informer davantage, craignant de perdre pour vouloir trop serrer, et mesme que les parens n’empeschassent un effect qu’ils estimoient estre le plus haut degré où la fortune d’Orcandre pouvoit jamais monster.

Tellement qu’en mesme temps le filou fut supplié à se resoudre de faire quelques largesses de ses biens à Orcandre en faveur du mariage. À quoy ne faisant aucune difficulté : Je luy donne de bon cœur, dit-il, dix mil livres en consideration de l’amour que je luy ay porté et luy porte encore plus que jamais.

Cette donnation de vent et de fumée fit naistre des impatiences nouvelles à Orcandre et à tous ses amis que les choses fussent promptement faictes, en sorte qu’ils demandèrent au filou s’il desiroit passer outre ; que, pour eux, ils ne demandoient aucun delay.

Le filou, mesnageant ceste chaleur pour le dernier article de son roolle, leur dict : Messieurs, differons encore quelques jours, afin que, par la vente que je desire de faire d’un batteau de foin que j’attends de jour à autre, je puisse avoir en main de