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sion luy fut escheuë, s’asseurans qu’il la mesnageroit à son advancement et à la grandeur de sa fortune.

Les compliments de part et d’autre ayant esté parachevez, le filou, qui n’avoit point oublié de se parer pour rendre sa commedie plus accomplie, ne manqua point aussi de joindre à cet apas celuy d’un visage riant, plain de douceur et de bonne grace ; et, ayant jugé qu’il estoit temps de commencer sa harangue trompeuse, il dit :

Messieurs, je m’asseure qu’il n’y a pas un de vous qui ne sçache bien le subject de cette assemblée, et que les grands discours ne sont par tousjours ceux qui advancent les choses, celle-cy particulierement n’en desirant point de semblable. Je n’ay donc rien à vous dire, sinon qu’il y a plus d’un an que j’ayme Monsieur que voilà, parlant d’Orcandre, et que je desire luy en donner une forte preuve par le lien que je recherche, n’estant pas maintenant à m’informer de ses biens, et voudrois qu’il eust faict la mesme chose des miens, afin qu’il vous peut faire entendre luy-mesme en quoy ils consistent ; et, pour vous les exprimer sommairement, je vous diray que je possède par succession, tant de père que de mère, trois maisons, dont la moindre est louée six cens livres, des heritages à plus de huict cens livres de revenu, et environ huict ou neuf mil livres en marchandise qu’on amène à Paris par batteau ; et, s’il y a quelqu’un qui en doute, je seray très aise qu’on diffère de parachever la chose commencée jusques à ce que, par une bonne information, on aye receu dans Melun, lieu de ma nais-