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Que reprendre l’autruy et ne voir pas sa faute :
Car de la sapience et le don et l’arrest,
C’est cognoistre son cœur et sçavoir qui l’on est ;
Il faut avant l’autruy soy mesme se cognoistre,
Et, comme Lamia, nous ne devons pas estre32
Des taupes dans chez nous et des linx chez l’autruy33,
De peur qu’au charlatan qui ouvre son estuy
Pour panser l’empesché, et luy-mesme a la perte,
L’on ne dise : Monsieur, vous n’estes qu’une beste ;
Avant que de donner aux autres guerison,
Monsieur le charlatan, medica te ipsum.
Il est vray, par ma foi, j’ai suivy ceste vie,
Mais en après, Messieurs, je n’en ay plus d’envie ;
J’ay franchi ce fossé, et, en sortant du lieu,

Je n’ai pas oublié mesme à leur dire à Dieu.

À Dieu34.



32. C’est-à-dire qu’il ne faut pas dévorer ses pareils comme la reine de Lybie Lamia, qui, selon Suidas, se nourrissoit de chair humaine.

33. On croirait que La Fontaine se rappeloit ce vers de d’Esternod quand il a écrit ceux-ci de sa fable la Besace :

Notre espèce exc… Mais parmi les plus fous
Notre espèce excella : car tout ce que nous sommes
Lynx envers nos pareils et taupes envers nous,
Nous nous pardonnons tout, et rien aux autres hommes.

34. Cet adieu répété manque dans la satire de d’Esternod. À la place se trouvent ces quatre vers, qui commencent par une allusion à l’Epistre de Marot au roy pour avoir esté desrobé.

Comme fit à Marot le valet de Gascongne.
Mais vous quittez la cour et venez en Bourgogne ;
Sans adieu. Autrement, vos creanciers maris
Pour estre satisfaicts vous rendroyent à sainct Pris.