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S’il a, sans droit, sans loix, quantité de ducas,
Se fera preposer à dix mille advocats
Qui auront dans l’esprit la science et l’escole
De Jason, de Cujas, de Balde, et de Bartole26 ;
L’univers aujourd’huy est sans foy et sans loy,
La vertu de ce monde est quand l’on a dequoy27 ;
Le sçavoir est un fat, l’argent nous authorise.
L’on ne peint la vertu avec la barbe grise :
Son habit est de femme, et jeune est sa beauté ;
Pourquoy les femmes donc n’ont cette dignité,
Plustost que ces friands, ces obereaux de Beausse28,
Qui de l’homme n’ont rien que le simple haut de chausse ?
Que si cela est vray, pensez-vous, courtisans,



26. Les lumières du droit. Corneille fait citer Balde et Jason par Dorante, à la scène 6 de l’acte 1er du Menteur.

27. Le dequoy étoit déjà le grand mot, la grande chose. « Les courtisans, dit La Boétie, voyent que rien ne rend les hommes sujets à la cruauté du tyran que les biens ; qu’il n’y a aucun crime envers luy digne de mort que le de quoy. » (De la servitude volontaire.)

28. On ne tarissoit pas autrefois en proverbes et en quolibets à propos des gentillâtres Beaucerons. Dans Rabelais (liv. 1er, chap. 17), dans les Contes d’Eutrapel (fol. 158), dans les Contes et joyeux devis de Desperriers (nouvelle 74), dans les Curiositez françoises d’Oudin (p. 249), partout leur misère est tournée en moquerie. Les proverbes qui couroient le plus contre eux étoient ceux-ci : Gentilhomme de Beauce, il est au lit pendant qu’on raccommode ses chausses.

En gentilhomme de la Beauce
Garder le lit faute de chausse.

Montfleury donna en 1670, sous ce titre : Le Gentilhomme de Beauce, une comédie en cinq actes, en vers, dont on devine le sujet, et qui est d’un assez bas comique.