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Et qui volle sur vous en mille papillettes6,
Chassé par la cadène7, à Babel s’enfuira ;
Vos atours les suivront, et vos pendans d’oreilles,
Et ce qui à Thamar vous faict sembler pareilles :

Vostre laydeur pour masque assez vous suffira.

Bourrelets, affiquets, et toutes ces machines
À ceindre vostre poil et le mettre en crespines,
Seront pour le vieux fer et pour le vieux drapeau ;
Et, pour l’assortiment de tant d’habits si braves,
À grand’ peine aurez-vous, miserables esclaves,
Un lambeau deschiré qui vous couvre la peau.

Ces mantelets garnis d’un pied de broderie,
Bourses et espingliers, flambans de pierreries,
Seront pour le butin des soldats triomphans ;
Et ces miroirs polis, dont la trompeuse glace
Brusle si sottement vos cœurs de vostre face,
Serviront de jouets à leurs petits enfans.

Ces cofrets diaprez et ces fatras de chambre,
Toilettes et peignoirs, soufflant le musq et l’ambre,
Couvre-chefs de fin lin, dentelés alentour,
Et ces coiffes de nuict faictes en diadesme,
Orgueil demesuré ! s’en yront tout de mesme :
Auriez-vous plus la nuict de faveur que le jour ?

Somme, au lieu de parfums, vous aurez pour escorte
L’horrible puanteur d’une charogne morte ;
Pour ces beaux ceinturons qui vous serrent les reins,


6. Paillettes.

7. C’est-à-dire ignominieusement. Être à la cadène (a la chaîne), c’étoit être à la peine, à la honte.