Page:Variétés Tome IV.djvu/351

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Chacun est du conseil secret ;
On est vain, on fait le discret,
On murmure un mot à l’oreille ;
Monsieur ne veut pas qu’on l’esveille ;
On a pacquets de tous costez ;
On vient de veoir leurs majestez,
Et souvent, dans les galleries,
On s’arreste aux tapisseries,
Ou bien auprès du cabinet,
Feignant estre au conseil secret,
Trompant ainsi la populace,
Qui croit qu’au conseil ils ont place4.
Qu’il est de conseillers d’estat,
À simple fraize ou bas rabat,
Qui maintenant, portant calotte,
Voudroient bien mettre à la pallotte !
Le roy s’en trouve bien servy ;
Chasque prince a son favory ;
Jupiter avoit Ganimède.
Verres cassez sont sans remède,
Et bref, pour le faire plus court,
Il n’est que de suivre la court.



4. Cinq-Mars lui-même usa de ces feintes pour faire croire à sa faveur, alors qu’elle étoit tout à fait tombée. C’est Louis XIII qui nous l’apprend lui-même, par l’organe, il est vrai, très médisant, de Tallemant des Réaux : « Pour qu’on pensât qu’il m’entretenoit encore après que tout le monde étoit parti, il demeuroit une heure et demie dans la garde-robe à lire l’Arioste. Les deux valets de garde-robe étoient à sa dévotion. » (Tallemant, édit. P. Paris, t. 2, p. 64.)